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Histoire de la typographie
D’un point de vue technique, cet art de la typographie a peu évolué au fil du temps. L’ensemble de la typographie est régi par un système de dimensions spéciales. L’unité est le point qui se convertit en cicéros (qui vaut douze points). Toute composition, longueur, largeur, est un multiple de points. Par exemple vingt cicéros valent deux cent quarante points soit approximativement neuf centimètres. On retrouve encore ces points actuellement pour donner la dimension d’un caractère d’ordinateur. On dira alors que la typographie Times corps 24 (points). Les premiers jeux de caractères étaient en bois, gravés à la main (xylographie). Rapidement, ils ont été fondus avec un alliage de plomb (80 %), d’antimoine (5 %) et d'étain (15 %) dans des matrices. L’ouvrier en typographie se servait d’un composteur sur lequel il alignait les caractères, lus à l’envers, de gauche à droite, piochés dans une boîte appelée « casse ». Les caractères du haut de la casse étaient appelés les capitales (majuscules) et ceux du bas — les minuscules — les bas-de-casse. Le composteur de typographie permettait d’assurer la justification de la ligne, c’est-à-dire sa longueur.
Entre chaque mot, on insérait une espace (ce mot est féminin lorsqu’il désigne l’objet en plomb, de même qu’interligne, languette de plomb ou de bois s’intercalant entre les lignes) et on complétait en insérant dans certains cas des espaces fines entre les lettres afin d’en parfaire la justification dans les pures règles de la typographie. Une fois les lignes composées, on les plaçait sur une galée, maintenue en biais. Ces lignes étaient attachées avec plusieurs tours de ficelle afin de rendre solidaire l’ensemble et le déplacer plus facilement. Ce bloc de lignes appelé composition était calé dans un châssis en fonte à l’aide de coins en bois dans un premier temps, et par la suite avec des noix de serrage. Le châssis était ensuite fixé sur une presse. C'est le début de la typographie alliée à l'impression.
La typographie a été ensuite semi-automatisée (Ludlow, composition manuelle puis fonte de la ligne-bloc) puis automatisée (Linotype, composition sur un clavier puis fonte de la ligne-bloc) afin de fondre directement les lignes composées d’un seul tenant.
Aujourd’hui encore, des ateliers de typographie existent un peu partout, car la typographie permet de faire certains petits travaux de ville (cartes de visite, affiche, carte de voeux, brochure, flyers ...) à moindre coût ainsi que des découpes et rainages. Pour les besoins les plus simples, ce sont des bornes typographiques automatiques qui assurent ces fonctions pour quelques euros.
À l'époque contemporaine le graphisme utilise souvent les caractères de typographie comme éléments d’une œuvre artistique : affiches, compositions sur toile ou même livres.
Les typographes furent également des pionniers du mouvement ouvrier nord-américain. Le plus vieux syndicat québécois de la typographie est canadien et est toujours existant est l’Union internationale des typos. De plus, le premier député ouvrier canadien fut le typographe Alphonse-Télesphore Lépine.
Les règles de l’art de la typographie
La typographie est un art et comme tout art, elle a ses règles et ses contraintes. En France, le métier est encadré par des règles qui sont regroupées dans le Code de la Typographie édité par la Chambre typographique et réactualisé chaque année. D’une manière similaire, les typographes suisses romands utilisent le Guide de la Typographie. En Belgique, c’est l'Institut belge de Normalisation qui détient les documents officiels de la typographie. Ces différents codes sont parfois contradictoires.
Le Code de la Typographie impose parfois des spécifications différentes du Code dactylographique enseigné dans les écoles de secrétariat. Ainsi, le Code dactylographique impose de ne jamais avoir d’espace entre la dernière lettre d’un mot et le signe typographique qui la suit, tandis que le Code de la Typographie demande d’y intercaler une espace protégée fixe lorsque le signe est une ponctuation double, de la hauteur d'un caractère (; : ? ! % etc.), pour des raisons de lisibilité en chasse variable (le procédé diminue au contraire la lisibilité en chasse fixe si l’espace protégée fixe est remplacée par une espace justifiante).
Certaines règles sont par ailleurs rappelées pour la composition de ces articles. Le Code de la Typographie s’applique indifféremment à toute composition, qu’elle soit mécanique (typographie) ou informatique (PAO, traitement de texte).
Le Code de la Typographie vient aussi au secours du « bon usage » en rappelant les règles régissant les abréviations :
- On abrège monsieur par M. et non Mr ni Mr., qui est l’abréviation de l’anglais mister ; on écrit en revanche Dr et Mgr (« monseigneur ») parce que dans leur cas ce r final se prononce. L’Académie française reconnaît cependant que l’abréviation la plus appropriée est Mr.
- L’abréviation de messieurs est MM., madame s’abrège Mme, mademoiselle, Mlle, alors que Me renvoie à « Maître ».
- À noter qu'une abréviation se terminant par la dernière lettre composant le mot en entier ne doit pas comporter de point, ex. : appartement s'abrège par appt il n'y a donc pas de point. Par contre un point est requis lorsque l'on abrège le mot terrain par terr. qui ne se finit pas par la même lettre finale qui est n.
- Cependant, dans un texte encyclopédique, il est d’usage d'éviter les abréviations.
Le Code de la Typographiespécifie aussi des règles concernant l’usage des capitales et bas-de-casse. Ces règles diffèrent d’un pays à l’autre. Les usages des pays anglophones demandent de capitaliser les mots non triviaux des titres (exemple : The Art of Computer Programming), ce qui est considéré comme inacceptable en France (L’Art de la programmation). On ne décapitalise évidemment ni les noms propres, ni les substantifs allemands cités comme tels, même dans les titres.
Le Code de la Typographie de la recommande d'écrire, dans un texte, les nombres en lettres et non en chiffres. Le Code de la Typographie recommande d'éviter l’abus d’abréviation pour la compréhension des textes.
Les noms de voie et des communes sont considérés comme un tout, munis de traits d’union et capitalisés. Ainsi, il faut écrire « rue Vieille-du-Temple », « Saint-Germain-en-Laye », etc.
Enfin, le Code rappelle que le français est bien une langue accentuée et que la « tolérance » ancienne de ne pas accentuer les capitales (à l'époque des machines à écrire à rouleau) n’a aucune raison de s'étendre à la typographie : en français, les capitales doivent être accentuées lorsque la police qu’on utilise dispose du caractère approprié. La plupart des polices utilisées en typographie comportent de tels accents, les fontes typographiques également. Rappel on ne peut plus clair dans le Lexique des règles de la typographie en usage à l’Imprimerie nationale :
En français, l’accent a pleine valeur orthographique. […] Aussi convient-il de s’opposer à la tendance qui […] par économie de composition, prône la suppression des accents sur les majuscules.
Le Code de la Typographie homogénéise ainsi la présentation de documents d’origines diverses au sein d’un même ouvrage.
Dans les années 1980, l'arrivée de la micro-informatique et des logiciels de PAO ont fortement démocratisé l'accès de la création de documents vers des intervenants venus d'autres horizons que la typographie. Le faible coût de l'équipement et le gain de temps engendré ont provoqué des perturbations économiques importantes dans le monde de la photocomposition. Le marché de typographiea changé de mains et la qualité typographique des documents produits s'en est parfois ressentie.